Yquem, Petrus et Julienas... San-Antonio en verres et en vins

(François Boucq)

"Tardivement saluée par la critique, assimilée à une littérature de gare, dominée par les aventures paillardes et cocardières du commissaire San-Antonio et de ses joyeux acolytes, l'oeuvre de Frédéric Dard "a longtemps tardé à être reconnue comme une œuvre majeure de la littérature contemporaine".

Dans le Dictionnaire amoureux qu'il a consacré en 2017 à cet "humaniste vigilant" qu'était le père de San Antonio, Eric Bouhier salue avec passion "ce créateur de milliers de mots nouveaux" qui n'a cessé de "vanter les vertus de l'amour et du travail, tout en dénonçant la bêtise humaine, capable de gangréner toutes les couches de la société".

En 130 entrées, ce Dico amoureux papillonne allègrement dans cette littérature unique en son genre et trace le portrait en creux d'un homme jovial et généreux mais aussi "rongé par le doute et des périodes de désespoir".

Les fans de littérature san-antonienne, très au fait de la vie et de l'oeuvre de leur auteur de prédilection, ne seront pas surpris de retrouver deux entrées évoquant la passion dardienne pour les plaisirs de la chair et de la chère. L'une est consacrée aux Vins et Spiritueux. Dans le sillage de San Antonio et de ses héros Bérurier et Pinaud, l'auteur note que Frédéric Dard entraîne ses lecteurs dans un tour du monde des alcools forts et un tour de France des régions viticoles reflêtant ses goûts et ses préférences. 

"Si les grands crus sont célébrés, du pommard à la Tâche de Richebourg, du petrus au cheval blanc, du vosne-romanée au château haut-brion, les belles bouteilles de nos régions sont souvent à l'honneur, du pouilly fumé au meursault, du condrieu au saint-amour", une place d'honneur étant réservée au julienas et au muscadet particulièrement appréciés de Béru et Pinuche !

(Photo Lido/SIPA)

L'avant-dernière entrée et les dernières pages du Dictionnaire sont consacrées à Yquem, ce nectar unique dont Frédéric Dard fut, fortune faite, grand amateur et collectionneur. Lui qui aimait à rappeler que, pour un gosse de pauvre, l'argent, les yquems et les petrus constituent "la seule preuve tangible de réussite".

L'occasion de croiser le Chef Guy Savoy dont, malgré la différence d'âge (une trentaine d'années) il resta proche très longtemps, unis par leur origine commmune  (Frédéric né à Jallieu et Guy ayant passé son enfance à Bourgouin) et leurs Madeleine partagées: les Chaudelets (ces petits gâteaux de pâte brisée salée aux grains d'anis), les fromages de Gruyère et le Vacherin, ou encore la moutarde de Bénichon, une confiture aigre-douce d'épices, spécialité du canton de Fribourg.

Dictionnaire amoureux de San Antonio, Eric Bouhier, Plon