Gien, L'artisanat de la faïence élevé au rang des beaux-arts

 Faïence de Gien

Pour Yves de Talhouët, Président de la Faïencerie de Gien, "c’est peut être (le) lien très fort avec les artistes qui définit le mieux la manufacture" en décuplant la créativité de cette griffe deux fois centenaire unique faiencerie de luxe du monde, labellisée Entreprise du Patrimoine vivant.

Indissolublement lié à la maîtrise du processus industriel et artisanal de fabrication de pièces en faïence -depuis la sélection des matériaux, le tournage, le moulage, la cuisson, etc jusqu'à la pièce décorée-, l'ADN de l'entreprise est aussi constitué d'un faisceau de collaborations avec le monde artistique, dont de nombreux acteurs qui ont marqué et marquent encore l’histoire des arts décoratifs.

Création Jacques Callot, 1875 (D.R.)

Au 19ème siècle, l'amélioration de la technique de la barbotine, de la précision des dessins et l'affinage de la subtilité des émaux donneront notamment naissance aux services iconiques inspirés de la Renaissance italienne et aux assiettes consacrées à des scènes populaires de Jacques Callot et aux Grands Oiseaux de Félix Braquemont.

Jean Cortot (D.R.)

Age d'or de la manufacture, les périodes Art Nouveau et Art Déco sont marquées à Gien par le travail de responsables de la création comme Jean Bertholle, professeur aux Beaux-Arts de Paris, membre de l’Institut, puis Maître Pierre, élève notamment d’André Masson... Vienent ensuite les collaborations avec différents mouvements et écoles: Ecole de Paris, mouvement Support/Surface avec Louis Cane et Claude Viallat, peinture-écriture de Jean Cortot, Jean Clerté, l'artiste suèdois Bengt Olson, etc...

 Paco Rabanne (D.R.)

Patrick Jouin (D.R.)

Dès les années 1990, des designers rejoignent les artistes pour expérimenter des formes nouvelles: Joy de Rohan Chabot, Paco Rabanne (avec Dorique, un service de table aux formes cannelées), Elisabeth Garouste et Mattia Bonetti (qui dessinent notamment Séville pour l’exposition universelle de 1998), Patrick Jouin (qui, à la demande du Chef Alain Ducasse conçoit Wave en 1999 et le service Evol, anagramme de Love, aujourd'hui dans les collections du Centre Pompidou), Olivier Gagnère (qui revisite le célèbre modèle Tulipes Noires et les services armoriés), Pascal Mourgue, Andrée Putman (qui en 2003 crée le service à thé Polka).

Andrée Putman (D.R.)

Olivier Gagnère (D.R.)

Aux artistes et designers, s’ajoutent les créateurs comme Isabelle de Borchgrave, qui dessine en 1989 le décor L’oiseau bleu, puis dans les années 2000 Jardin Imaginaire, Millefleurs, Jacinthe, Chaise bleue (une gamme adoptée par Mariage Frères), l'illustrateur Cyril Destrade, qui collabore avec Hermès et qui pour Gien, invente le modèle Jardins extraordinaires en 2016, etc....

 Isabelle de Borchgrave (D.R.)

Cyril Destrade (D.R.)

Parallèlement, la manufacture s’associe à d’autres marques portant les mêmes valeurs à travers le Comité Colbert. Gien partage par exemple avec la maison Pierre Frey, fondée en 1935, l’excellence d’un savoir-faire et un éclectisme assumé. Le service Jardin du Palais décline la collection 2020 de tissus Rêveries Orientales, dessinés par Sarah Bréassier.

Pierre Frey (D.R.)

En 2021, pour célèbrer ses 200 ans, Gien réédite un certain nombre de ses réalisations les plus emblématiques dont des vases "chinois" aux motifs inspirés des porcelaines chinoises très en vogue avant 1900, et pour illustrer les périodes Art Nouveau/Art Déco, un vase "col de cygne" et des plaques de "scènes antiques" inspirées d’un vase ancien trouvé en 1840 lors des fouilles en Côte d’or.

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