Le café en Italie, Presque un dessert !
Caffe Italiano Framed Wall, by Anderson Design Group
Dans les années 1990, un couple d'Américains entreprend de retaper une villa abandonnée en Toscane et d'en restaurer les jardins. Racontés dans le livre Sous le soleil de Toscane (traduction française de 1998), les mois de galères que dureront les travaux mêlés au bonheur d'explorer les beautés et les secrets de la Toscane et de l'Ombrie seront autant d'occasions pour Frances Mayes et son mari Ed de "découvrir les liens, nombreux, entre les plats et la culture" et d'éprouver "autant de joies intenses qu'irrigue le sentiment profond d'apprendre une autre vie".
Ayant du mal à attribuer ses propres changements à l'influence de leur nouveau lieu de villégiature, Frances sait parfaitement identifier l'impact de l'art de vivre toscan sur son mari qu'elle voit peu à peu "devenir italien". A commencer par son immersion dans la passion des Italiens pour le café...
Villa Bramasole (Photo CBS News)
La première fois que nous sommes venus en Italie, Ed était un buveur de thé (...), raconte Frances Mayes. Je me rappelle avoir vu Ed, lors de notre premier séjour en Toscane, observer les Italiens entrer dans des bars et commander d'une voix sèche: "un caffe". A cette époque, l'espresso était rare aux Etats-Unis. Quand Ed s'est mis à en commander comme les Italiens, ils lui ont d'abord répondu: "Normale ?". Les barmen pensaient que le touriste se trompait. Il nous faut de grandes tasses de café brun, comme ils l'appellent ici, toujours étonnés.
"Si, si, normale", répondait Ed, avec une très légère impatience. Bientôt il sut en commander avec autorité; personne ne lui demandait confirmation. Il vit comment les gens l'avalent d'un cou, au lieu de le savourer. Il prêta attention aux marques différentes selon les bars: Illy, Lavazza, Sandy, River. Il se mit à apprécier la crema sur la surface. Et il le prit toujours sans sucre.
"Vous devez mener une existence bien douce, lui dit un jour un barista, pour boire un café si amer". C'est alors qu'Ed commença à remarquer la façon dont les serveurs disposent une cuiller sur la soucoupe, puis l'élégance avec laquelle ils poussent leurs sucriers sur le comptoir en les ouvrant d'un geste. Les Italiens sucrent terriblement leur café -deux à trois cuillerées bien pleines. J'ai eu un choc en voyant un jour Ed mettre à son tour du sucre en poudre dans sa tasse. "C'est presque un dessert", m'a-t-il expliqué.
Sous le soleil de Toscane, Frances Mayes, Quai Voltaire