Les vieux millésimes du Beaujolais
Si l'on en croit le Président d'Inter Beaujolais, le millésime 2009 des Beaujolais sera d'un niveau de qualité comparable à celui de 1947. C'est aussi ce que semblaient dire les spécialistes et les amateurs dans les couloirs d'un grand hôtel parisien où des vignerons présentaient, le 21 juin 2010, leurs crus 2009 : Brouilly, Côte de Brouilly, Régnié, Morgon, Chiroubles, Fleurie, Moulin-à-Vent, Chénas, Juliénas, Saint-Amour. Mais l'enseignement principal de cette journée, on le doit à Michel Bettane, éminent spécialiste et grand connaisseur du Beaujolais, qui - bouteilles à l'appui-, a apporté la preuve que ces vins de haute gourmandise qui associent le fruit du gamay et une minéralité à forte dominante de granits sont aussi des vins de garde. Contrairement à une idée largement répandue (est-ce du à l'influence du Beaujolais dit "nouveau" ?), le Beaujolais ne gagne pas à être bu très vite, il n'a pas de date de péremption, lui ! "Le Beaujolais peut vieillir, a expliqué Michel Bettane. C'est un vin de fruit que l'on n'associe pas spontanément au vieillissement... mais c'est aussi un vin de terroir susceptible à ce titre de bien vieillir".
Ouverte par des bouteilles de 2007 (un Morgon de Marcel Lapierre, le chantre du Beaujolais naturel), la dégustation orchestrée par Michel Bettane a commencé à remonter le temps: 2000 (un Moulin-à-Vent des Hospices avec un net caractère épicé qui rappelle le Gevrey-Chambertin ("On est encore en Bourgogne, dans le 71, a souligné Bettane. Pour ces vins, vieillir est une nécessité ... comme pour les Bourgogne !...), 1999, une Côte de Brouilly de Georges Viornerie (un "millésime parfait"), 1998, le même cru de Château Tivin (" l'expression même du Beaujolais: un vin racinaire, où l'on sent le granit, où le fruit est secondaire... Une présence de truffe qui n'est pas sans rappeler les vins du Piémont..."), 1993, un Moulin-à-Vent Château des Jacques ("un vignoble que l'on travaille depuis longtemps à la bourguignonne"), 1990, un Moulin-à-Vent de Georges Duboeuf (fort arôme de truffe), 1989, un Saint-Amour du Domaine des Billards (" le vin que buvait Turgot, entre groseille, réglisse et épices"), 1983, un Brouilly Château de la Terrière (un vin qui n'a pourtant pas la réputation de bien vieillir !), 1976, un Fleurie de Château de Fleurie (un vin du négociant Loron, une année réputée). Et, pour finir, 1976, une Côte de Py de Claude Desvignes, l'orgueil de l'appellation Morgon, un cru et un millésime où le terroir l'emporte sur le fruit, un vrai Beaujolais en somme.
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