Art et nourriture, Joies et souffrances d'une bédéiste gourmande

Aurélia Aurita

"J'adore manger, j'aime aussi cuisiner, même si à vrai dire je m'y suis mise sur le tard, il y a une dizaine d'années. Je cuisine surtout français et italien, j'aime beaucoup cette gastronomie, explique Aurélia Aurita. Bizarrement, je ne cuisine jamais de plats cambodgiens. C'est du domaine familial, ma grand-mère cuisinait divinement bien et cela tient un peu du sacré pour moi, je ne me sens pas à la hauteur. Ce que j'ai gardé de mes origines asiatiques c'est quand même le riz, qui est la base de mon alimentation".

(Photo Isabelle Franciosa)

Pour l'autrice de BD, création artistique et passion pour la cuisine sont les deux faces d'un même profil : "Tout comme l'art, la nourriture relie les gens: on a besoin de sentir que l'on appartient à un lieu, à un groupe, que l'on n'est pas tout seul". Des liens qui imprègnent son travail de bédéiste depuis qu'Aurélia Aurita a dessiné pour Benoît Peeters le roman graphique Comme un chef (publié en 2018 chez Casterman), dans lequel le scénariste de la mythique série Cités obscures fait le récit de ses aventures culinaires.  

C'est en travaillant sur la BD Comme un chef que la jeune femme avait franchi pour la première la porte de restaurants étoilés et le seuil des labos des Chefs étoilés comme Pierre Gagnaire, les Troisgros, Alexandre Mazzia, Alexandre Gauthier. Confrontée au défi de "retranscrire ces émotions gustatives", la dessinatrice avait décidé "de décloisonner un peu tout ça (par le dessin), de témoigner tout simplement de leur passion". 

L'occasion pour elle d'accorder son style à ses émois culinaires. Dans ses planches, "seuls les aliments sont en couleurs. Les dessiner en noir et blanc ne me paraissait pas très appétissant. Et, à mes yeux, la couleur véhicule plus l'émotion que le dessin noir et blanc, plus cérébral et analytique". 

Dans ce récit en forme d'autobiographie sensible et épicurienne, Aurélia Aurita relate ses expériences gourmandes au Japon, dans les Vosges, à Paris, depuis les cuisines d’un fast-food jusqu'à celles d’un trois étoiles, de l'étal d'un épicier tunisien aux brunchs du dimanche en famille.

Une vie d'insouciance, de rencontres, de joies et de découvertes bouleversée par des mois de lutte contre un cancer. Dont Aurélia sortira à la fois différente et fidèle à elle-même, "beaucoup plus attentive aux plaisirs simples" mais toujours en quête du beau et du bon.

La vie gourmande, Aurélia Aurita, Casterman