Thaïlande, Ces petits "quelque chose" qui font l'âme du pays aux 18 sourires

(D.R.)

"As-tu mangé du riz aujourd'hui ?". En Thaïlande, pas de bonjour ni de salut amical sans cette référence à la céréale khao qui tient tant de place dans la culture, les valeurs, l'économie du pays et sa cuisine.

Dans Quelque chose de Thaïlande, publié en mai 2022 aux Editions Nanika, Suzanne Bruneau et Paul Bruneau ont à coeur de dépasser l'imaginaire collectif qui réduit l'ancien royaume de Siam à quelques clichés entre plages de sable blanc à Phuket ou dans les iles de Koh Phi Phi, temples bouddhistes du centre du pays et marchands ambulants de la street-food à Bangkok.

Surnommée -triste euphémisme- le Pays des Hommes libres (il s'agit en fait d'une monarchie autoritaire sous la domination d'une junte militaire depuis 2014), cette destination mythique des routards -très prisée aussi des touristes à la recherche d'un "exotisme de luxe à la portée de toutes les bourses"-, est en fait "riche d’une histoire envoûtante, digne des meilleurs contes", diverse et contrastée aussi bien dans ses traditions et paysages que dans ses populations.

Des premières traces datées de 3.000 ans av. J.-C. retrouvées à Ban Chiang, au soulèvement démocratique de 2020, ce guide propose un panorama éclectique et documenté de tous ces petits quelque chose qui font l’âme de la Thaïlande: que sait-on des royaumes de Dvâravatî, Sukhothai ou Ayutthaya ? qu’est-ce qu’un wai, la thainess ou bien le likay ? comment sont construits les temples bouddhistes ? à quels défis sociaux et politiques le pays doit-il faire face aujourd’hui ? 

(Photos Guide Michelin)

Côté Gastronomie, la Thaïlande est réputée ne jamais décevoir les amateurs de tables haut de gamme comme les fans de street-food. Même si, de mode de vie ancestral, la cuisine de rue semble destinée à terme à n'être plus tolérée qu'en tant qu'attrait touristique. A Bangkok, les projets de réorganisation de l'espace public, qui visaient dès 2014 à interdire le maintien des petits restos de rue, ont du récemment, face au tollé provoqué dans la presse des pays occidentaux pourvoyeurs de touristes, exclure de cette interdiction les zones fréquentées par les visiteurs étrangers.

(Photos Off. Nat.Tourisme Thaïlandais)

"De la vieille dame qui tient son stand de mango sticky rice sur un trottoir à la véritable cantine à ciel ouvert qui propose plusieurs plats et quelques tabourets pour s'asseoir", la street-food thaïlandaise est un univers en soi, avec une incroyable variété de plats: riz frit, pad thai (nouilles de riz sautées avec viande ou crevettes), kway tiao (soupe de nouilles à la viande), brochettes de viandes, desserts variés comme le khanom krok, ces demi-sphères à la farine de riz, lait de coco et ciboulette... 

(D.R.)

Spectaculaires sur les étals des marchés, les fruits contribuent eux aussi à la touche exotique du pays: le ramboutan (ou litchi chevelu), le logane, le fruit du dragon (aussi beau qu'insipide..), le jacque ou fruit du jacquier, le mangoustan (le régal de la Reine Victoria...), le tamarin ou encore le durian, "au goût à mi-chemin entre la crème aux oeufs et le camembert"... Des fruits que l'on retrouve (selon une tradition développée au 15ème siècle) en offrandes dans les temples bouddhistes ou dans les cérémonies de mariage.

Les deux auteurs n'hésitent pas à partager avec les lecteurs leurs recettes préférées: Laab au poulet typique de la région de l'Isan ou encore la salade d'origine laotienne Som Tam, une véritable institution dans le pays. Il s'agit d'une salade épicée à base de papaye pas mûre râpée, ail, piment, sucre, tomates, jus de citron vert, cacahètes, sauce poisson, carottes râpées et papaye verte ciselée, servie avec du riz gluant. Le mot tam -qui signifie taper, marteler- fait référence à la façon dont on coupe la papaye.

Illustration Yiling Changues

On l'a compris, cet ouvrage n'est pas un guide des bonnes adresses en Thaïlande mais une photographie sensible de la complexité de ce pays et de ses habitants... Complexité que l'on mesure à l'aune du sourire thaïlandais (le dictionnaire de l'Institut royal thaïlandais répertorie pas moins de 18 sourires officiels, du Yim Haeng (sourire sec) au Yim Chaeng (grand sourire), en passant par le Yim Yae (le sourire honteux) ou de la valeur symbolique des desserts. Vous voulez avoir de la chance ? Mangez donc un Khanom chan et ses 9 couches à la farine de riz et de tapioca et au lait de coco !

Quelque chose de Thaïlande, Suzanne Bruneau et Paul Bruneau, Editions Nanika