17 mars 22
Shabbat dinners, Cuisines juives séfarades, askénazes et israéliennes
(Photos @guillaumeczerw)
Dans le calendrier juif, le mois de mars coïncide avec les fêtes de Pourim, commémorant la reine Esther qui sauva les Juifs de Perse, et de la Pâque Pessah en mémoire de l'exode du peuple juif fuyant l'Egypte. L'occasion pour chacun, juif ou goye, croyant ou mécréant, de s'immerger dans l'une des traditions hébraïques les plus respectées, la célébration du shabbat.
A ce "commandement à s'arrêter sauf pour manger et prier", Vanessa Zibi a consacré un ouvrage qui célèbre les liens à la judaïté et à la famille, à travers les repas de shabbat et les mères, filles et soeurs qui en ont la charge. Car, comme le rappelle Perla Servan-Schreiber dans la préface, "préparer à manger, nourrir et servir ont toujours été, et restent encore, le territoire des femmes."
Publié fin 2021 aux Editions de La Martinière, Shabbat dinners réussit l'exploit de transformer l'héritage oral des cuisines de mères et grand-mères juives en recettes écrites et quantifiées dans lesquelles grammes, kilos, cuillerées rendent plus concrets les "environ, un peu, plus ou moins" qui sont la marque de la fabrique familiale des repas du quotidien comme de la nourriture des jours de fête.
En 90 recettes, ce répertoire culinaire -qui fait aussi office de traité de culture hébraïque pour les non-initiés- conjugue des recettes iconiques des Ashkénazes (riches en foies hachés, soupes de poulet, oignons, aulx, choux, carottes, pommes de terre et harengs transposés des traditions alimentaires de l'Europe de l'Est), des Séfarades (nourries de poivrons, aubergines, piments, riz emblématiques des cuisines de Méditerranée, du Moyen-Orient et d'Asie) et quelques plats plus modernes inspirés du courant israélien. S'y ajoutent des préparations pour les fêtes du calendrier juif (Pessah, Rosh Hashana, Chavouot...), et des pas-à-pas pour réaliser les pains tressés hallot et autres pains du diner du vendredi soir.
Bien que nostalgique du "couscous comme celui que l'on mangeait chez moi quand j'étais petit(e)", Vanessa Zibi affiche ses préférences entre ses origines tunisiennes et son "identité culinaire israélienne". Et se déclare fan de salade fattouche, muhammara, pitas, flatbread au zaatar, chakchouka... plutôt qu'adepte des grands classiques de la nourriture tunisienne, couscous, pkaïla, bouillon de poulet, banakage, nikitouche et manicotti.
Fête de Pourim à Jérusalem (Photo Udi Alfasi, Office National Israélien de Tourisme)
Un beau livre de mémoire, de culture générale et culinaire où quelques prières de shabbat, des souvenirs de repas partagés et le calendrier des fêtes juives trouvent naturellement leur place entre poulet à la harissa, gefilte fish, loubia, aubergines grillées aux grenades, tehina, bagels, hallah à la cannelle et strudel aux pommes.
Shabbat dinners, Vanessa Zibi, Leslie Gogois et Guillaume Czerw, Editions de La Martinière