Le tourton de Pierrot, pépite culinaire de la vallée haut-alpine du Champsaur
Spécialité des vallées haut-alpines du Champsaur et de Valgaudemar, le tourton est un beignet carré de pâte type brisée, farci de purée de pommes de terre et agrémenté au choix de tomme de chèvre ou de reblochon, de poireaux, d'oignons, d'épinards, de lardons voire de viande.
Frit quelques minutes, ce coussin du petit Jésus (c'était le surnom que les anciens lui donnaient...) doit être consommé chaud, tout juste sorti de la friteuse ou de la poële, avec une salade.
S'il existe autant de recettes en versions salées que de familles champsauriennes et gaudemarou, il est généralement admis dans les deux vallées que les tourtons sucrés -historiquement farcis de pruneaux- soient aujourd'hui fourrés de compote de pommes, de confiture de fruits rouges (framboise), de baies (myrtille) ou encore de pâte cacao-noisettes.
Par contre en matière de tourtonniers, ces deux territoires-portes du Parc national des Ecrins -au sud, à proximité de Gap et de Sisteron, la vallée ouverte du Champsaur et son bocage de montagne et au nord, à proximité de Grenoble, la vallée de haute montagne de Valgaudemar avec glaciers et lacs d'altitude- revendiquent leurs différences et n'hésitent pas à afficher leurs préférences.
A Saint Bonnet en Champsaur, c'est le local de l'étape Pierrot Gonsolin qui est considéré comme le "roi du tourton", tandis que, pour les Gaudemarou, les meilleurs tourtons sortent des mains des frères Eugène et Jean-Louis Pellegrin, installés eux à Saint Firmin en Valgaudemar !
Quitte pour les uns et les autres à aller se ravitailler de temps en temps chez le spécialiste-ès-tourton de l'autre vallée...
"Chez nous, on en mangeait le vendredi, à la place du poisson, raconte le champsaurien Pierrot Gonsolin. Comme ma mère à qui je dois cette recette, je n'y mets pas de poireau mais j'y verse du lait, pas de la crème. Le goût du tourton vient bien sûr de la recette et du tour de main du tourtonnier mais aussi -et surtout- de la variété des pommes de terre utiliséees selon les saisons. Je prends la plupart du temps de la Bintje ou de la Mona lisa, et c'est bien meilleur quand elles ne sont pas nouvelles".
Pour les tourtons sucrés, en vrai puriste du patrimoine culinaire de son enfance, Pierrot ne prépare que la version d'origine, celle aux pruneaux.
A 0,4 euro le tourton, les touristes de passage dans les deux vallées auront tout le loisir de juger sur pièce et de se faire leur propre opinion sur cette spécialité culinaire du terroir champsaurien et gaudemarou.
Les tourtons de Pierrot, Saint Bonnet en Champsaur
Eugène et Jean-Louis Pellegrin, Saint-Firmin-en-Valgaudemar