Le pinard de la Grande Guerre au Clos de Vougeot
"Avec 6 400 morts par jour chez les militaires — le double si l’on ajoute les civils —, la première guerre mondiale a été l’une des plus meurtrières de l’histoire. Pour tenir, les soldats français se sont bien souvent réfugiés dans l’alcool, encouragés par leur hiérarchie, qui veillait à ce qu’ils ne manquent jamais de « pinard », explique l'historien Christophe Lucand dans Le Monde Diplomatique daté d'août 2016. En quelques années, le vin a ainsi gagné le statut de breuvage patriotique, paré de toutes les vertus".
Pour commémorer le centenaire de la Grande Guerre, le Château du Clos de Vougeot accueille, du 15 septembre 2018 au 31 mars 2019, l’exposition Le Pinard des Poilus, Quand Madelon chantait ! Réalisée en partenariat avec Christophe Lucand, auteur du livre Le Pinard des Poilus, et en collaboration avec la Chaire UNESCO Culture et Traditions du Vin, cette exposition thématique rend hommage aux soldats de la Grande Guerre et fait entrer le "sang des Poilus" au Clos de Vougeot.
L’exposition aborde la place importante du vin dans la société mais aussi l’enjeu stratégique qui lui était attribué. De sa production à l’arrière du front jusqu’à sa distribution et sa consommation dans les tranchées, elle met en lumière les conditions et le système de cette organisation qui conclut à la première grande loi sur les appellations d’origine en mai 1919.
Étymologiquement, le mot pinard vient de pinot, un cépage couramment utilisé en Bourgogne, Champagne et Lorraine pour y introduire des vins fins de qualité. Il a été inventé pour désigner de manière péjorative l’altération d’un vin rouge reconnaissable par ses caractéristiques dégradées.
Bien plus qu’un simple breuvage réconfortant pour les soldats, le vin était surtout un instrument de propagande pour faire oublier aux Poilus l'horreur des combats et la dureté de leur vie quotidienne et de les "conforter dans le bien fondé des combats".
Quant à La Madelon, cette chanson créée par le chanteur Bach (Charles-Joseph Pasquier) le 19 mars 1914 au café-concert de l’Eldorado à Paris et qui salue la serveuse de cabaret parisien où Sous la tonnelle, on frôle son jupon..., elle est d'abord interprêtée devant les soldats en permission avant de se transformer en chant militaire puis de devenir le chant populaire de ces années de guerre.
Dans une ambiance visuelle et sonore, et dans un décor de tranchée, le visiteur du Clos de Vougeot se projette dans les années 1914-18 et découvre cette thématique au travers de quatorze panneaux et de pièces de collection.
Exposition Le Pinard des Poilus, Château du Clos de Vougeot