Les huîtres, Vous les aimez naturelles ou modifiées ?

Plus de 50 % des huîtres vendues et consommées en France seraient des "triploïdes" nées de manipulations chromosomiques qui en font des "mollusques artificiels" très différents des Marennes, des Oleron ou des Normandes issues de l'ostréiculture traditionnelle de pleine mer.

Spéciale N°3 Utah Beach

Dans son numéro du 19 juin 2015, le magazine Que Choisir attirait déjà l'attention du public sur ces organismes chromosiquement modifiés: "Nés en 1997 dans les laboratoires d’Ifremer, ces mollusques possèdent dix lots de trois chromosomes et non dix lots de deux chromosomes comme l’huître « normale » diploïde. Cette anomalie génétique rend les triploïdes stériles, leur texture est donc constante toute l’année. Un avantage pour les touristes des stations de bord de mer qui peuvent désormais se régaler d’huîtres non laiteuses, et surtout pour la filière conchylicole qui  s’affranchit ainsi de la tradition des mois en « r », précisait le magazine de consommateurs. Cerise sur le gâteau, les triploïdes ne consommant pas leur énergie dans la reproduction grossissent plus vite que les diploïdes, ce qui permet de ramener leur cycle de production de trois à deux ans. Une aubaine pour les ostréiculteurs qui, dans leur grande majorité,  se sont laissé séduire par cette championne de la productivité". 

Alain Molen et Jean-Noël Yvon, ostréiculteurs à Arcachon et en Bretagne

Un documentaire réalisé par Grégoire de Bentzmann et Adrien Teyssier s'efforce depuis février 2018 de "lever la part d'ombre des huîtres modifiées qui envahissent nos plateaux de fruits de mer".  Intitulé L'huître triploïde, authentiquement artificielle, ce film indépendant donne notamment la parole à des ostréiculteurs dissidents qui considèrent que ces huîtres de laboratoire ont perturbé l’ostréiculture et l’écosystème et, organisant un débat entre ostréiculteurs, écloseurs, politiques et scientifiques, met en évidence les enjeux et "les malaises" qui entourent l’huître modifiée.

Huîtres de pleine mer à l'Ile aux Moines

Ce qui se joue à terme c'est la mise en oeuvre d’un étiquetage obligatoire qui permettrait aux consommateurs de choisir, en toute connaissance de cause, d'acheter et de consommer soit des huîtres "naturelles" issues de naissains de captage dans le milieu marin, soit des huîtres triploïdes nées de larves produites en écloserie. 

Le film est en accès libre sur le site internet huitretriploide.com.

L'huître triploïde, authentiquement artificielle, Un film de Grégoire de Bentzmann et Adrien Teyssier