La très belge tarte au riz, gourmandise préfêrée de l'écrivain Georges Simenon
"Opulente, fadasse un peu, blonde et appétissante, parfumée de parfums sucrés, émollients, discrets et doux comme la bourgeoisie"... Robert J. Courtine, dit La Reynière, critique gastronomique au Monde pendant des décennies, a découvert les saveurs de la tarte au riz dans les romans de Georges Simenon, dont il était grand admirateur (*).
Né de père wallon et de mère flamande, "le petit Georges appréciait particulièrement les moules et les frites, qui figuraient au menu 3 fois par semaine, et la tarte au riz". Ce dessert originaire de Liège, est un plat traditionnel dont les Belges se régalaient -et se régalent encore- en dessert, au moment du café ou pour le goûter. Composée d'une pâte levée (qui devient pâte brisée ou briochée suivant les régions et les recettes), cette tarte doit sa "belgitude" à son appareil à base de lait, de farine, d'oeufs (dont les blancs montés en neige), de sucre et ... de riz rond. Certains ajoutent à la préparation des raisins secs, des fruits confits ou, dans la région de Vervier, des macarons émiettés.
Cette gourmandise appelée "tarte blanche" (blank dorêye, en wallon liégeois) que l'on déguste aussi dans le Nord de la France, en Allemagne et aux Pays-Bas, figure parmi les sujets traités dans le N°1 de Ceres, le premier mook (magazine-book) consacré aux céréales, à leurs cultures, à leurs usages et à l’imaginaire qui s’y rattache.
L’étymologie du mot céréale, vient du nom de la déesse de l’Agriculture : Ceres. Depuis la nuit des temps, le blé, le maïs, l’orge, le riz, mais aussi l’avoine et le millet ont constitué la base de l’alimentation de l’humanité. Les céréales font plus que nourrir les hommes. Elles façonnent les paysages, lient les populations au cycle des saisons, rapprochent le citadin du paysan, et "créent les marqueurs d’une identité partagée, qu’il s’agisse du pain, de la bière, des biscuits ou des pâtes. Quand nous consommons des produits céréaliers, c’est aussi cela que nous consommons : un imaginaire, des rites et des pratiques issus de plusieurs millénaires de tradition et d’invention, et qui font aujourd’hui partie de notre patrimoine commun".
Au sommaire du N° 1 de Ceres: la semeuse et le semeur, la pâte au gaz, les porridges, bouillies modernes ?, biscuits multicéréales, mille pâtes, le murmure du son, quelques classiqueS de la pâtisserie française, faut-il avoir peur du “sans gluten” ?, graines storming, histoire de la bière, le couscous mondial, les terroirs du sarrasin, Loara Perenec, boulangère à l’Exposition Universelle de Milan, les fleurs du malt, contre les pâtes, le bon grain et l’ivresse, l'hostie et le cannibale.
Ceres N°1, Editions Menu Fretin
(*) Il lui a consacré un ouvrage "Simenon et Maigret passent à table" (Editions de La Table Ronde).