Made in China, l'alcool de sorgho Moutai prêt à conquérir la France

  

Alcool national doté d'un statut particulier dans la culture chinoise, liqueur officielle de la diplomatie de ce pays mais aussi boisson attitrée des fêtes de famille dans toute la Chine (même si son prix élevé le réserve encore à une élite), le Moutai espère bien conquérir les Français dont le goût pour les alcools n'est plus à démontrer. Nos compatriotes vont-ils adopter ce mélange de sorgho et de blé qui, après avoir subi plusieurs cuissons et séchages successifs, huit fermentations et neuf distillations, a séjourné 5 ans minimum dans des jarres de terre cuite enterrées ?  Sa texture moelleuse, sa longueur en bouche, sa complexité aromatique autour des céréales, ses notes de fruits, ses arômes de prune, chocolat, caramel et noisette vont-ils trouver leur place parmi les spiritueux consommés dans l'Hexagone et séduire les acteurs de la mixologie à la française ?

En Chine, le Moutai est un produit ancestral de prestige depuis la dynastie Qing (qui a régné sans partage entre 1644 et ... 1911 !) jusqu'à aujourd'hui, période révolutionnaire comprise. 

 

Ce spiritueux qui titre 53°, a été élevé au rang d'alcool national en 1951 et qui bénéficie d'une A.O.C. (qui en limite la production à la seule province de Guizhou) et est systématiquement servi lors des banquets pour les chefs d'Etat étrangers, est l'une des vedettes des commémorations du 50ème anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises célébré en 2014. Chacun vantant "les arômes de la petite bouteille blanche et rouge" qui " évoquent immédiatement, telle une madeleine de Proust, des moments de convivalité et des souvenirs de fêtes passées". 

Selon Renguo Yuan, Président du groupe d'état Kweichow Moutai, il existe "une similitude étonnante" entre le Moutai et le cognac: "Tous deux sont des spiritueux originaires du Sud-Ouest de leurs pays respectifs et les deux régions de production sont bordées d'eau. Ils sont comme deux frères jumeaux éloignés, fruits du sacrifice humain et la meilleure interprétation de la philosophie de ces deux magnifiques régions".

   

Présent sur le marché français depuis une trentaine d'années, Moutai a accentué sa percée depuis 2011 avec l'ouverture d'un show-room dans le 13ème arrondissement de Paris et est déjà servi dans les palaces et hôtels parisiens à forte clientèle asiatique (dont le Peninsula ou le Shangri-La), dans les restaurants chinois et chez certains cavistes comme les caves Legrand. Preuve de l'intérêt de ce groupe industriel (N°1 du secteur agro-alimentaire en Chine): la ville de Paris (le 8ème arrondissement) a été choisie pour abriter le futur siège de Moutai pour l'Europe.

Les amateurs boivent le Moutai cul sec, à l'apéritif et tout au long du repas dans de tout petits verres d'1,5 cl, et le dégustent dans différents millésimes: 15 ans d'âge, 30 ans, voire 50 et même 80 ans (on frôle alors quelques milliers d'euros la bouteille). Dans des versions plus accessibles, le consommateur français débutant optera pour le Yingbin ou le Prince, qui ont moins de 2 ans de vieillissement et sont nettement moins chers.

Pour le marché français, le groupe Moutai a d'ailleurs choisi de mettre en avant l'utilisation de ces versions Yingbin et Prince dans l'univers des cocktails. Avec par exemple des créations comme le Cosmo Moutai (à la liqueur de Saint Germain, jus de cranberry et de citron) ou le Baiju Tiki (gingembre, sirops de pamplemousse rose, coco et cacao blanc, jus de citon), etc. Le Moutai devrait aussi plaire aux Français associé ... à de la pâte à tartiner au cacao. Laissons place à l'imagination et à l'inventivité: un concours de cocktails pour les professionnels de la mixologie est prévu en 2015.

Compter 179 euros la bouteille d'1/2 litre de Moutai 5 ans de vieillissement, 30 euros pour les versions à 1 an de vieillissement.

 Moutai