Château de Pommard et ses cinq "climats", les atouts d'une renaissance en Bourgogne

"Carottage" du terroir de la parcelle Simone

Depuis 2003, le Château de Pommard, ses 200.000 pieds de vigne sur 20 hectares d'un seul tenant (ce qui en fait le plus grand clos viticole privé de Bourgogne) a tourné une nouvelle page de son histoire tricentenaire, sous l'impulsion de son nouveau propriétaire.  Entrepreneur immobilier originaire de Savoie, passionné par le vin (mais peu au fait des mystères de la vinification en Bourgogne), Maurice Giraud se lance dans ce qui connait le mieux, le chantier de reconstruction des bâtiments très endommagés par le temps (le bâti remonte à 1726) et, pour ce qui est des caractéristiques de ses vignes, de l'assemblage et de l'oenologie, fait appel à des spécialistes. Au LAMS (Laboratoire d''analyses microbiologiques des sols), Claude et Lydia Bourguignon identifient 5 terroirs spécifiques (des "climats"...) sur les 20  hectares plantés, ce qui confirme la diversité empiriquement identifée il y a 3 siècles (mais oubliée au 20ème..). Le clos Pommard est constitué de 3 grands types de sols très typiques: des sols peu profonds sur cailloux ou sables calcaires, des sols plus profonds avec peu ou pas de calcaire, et des sols peu profonds sur un cailloutis avec des argiles exceptionnelles, de celles que l'on ne trouve que sur deux Grands crus locaux, le Musigny et le Richebourg. 

Les raisins issus de ces trois grands terroirs ont donc tout intérêt à être vinifiés à part puis assemblés en fonction des millésimes. Le dégustateur de renom Jacky Rigaux, l'autre spécialiste auquel Maurice Giraud a fait appel, le confirme: " La vinification séparée, suivie d'un assemblage minutieux, permet de mieux maîtriser le résultat final: cette viticulture d'orfèvre exacerbe les atouts naturels du terroir". De son côté, Emmanuel Sala, vinificateur à Pommard depuis 2007, est chargé d'exprimer au mieux les qualités intrinsèques et les complémentarités de ce terroir, aidé désormais par les analyses scientifiques qui valident ce que son expérience et son talent d'assembleur pressentaient: "La personnalité que révèle chaque climat me guide pour définir précisément son rôle, donc son dosage, dans le vin assemblé que vous boirez un jour. Les uns apporteront le squelette, d'autres la chair, d'autres encore l'âme"... Ce qui fera la finesse, la complexité du vin de Pommard, son élégance et sa force.  

Conforté par l'accueil des premiers millésimes issus de ces nouvelles pratiques, Maurice Giraud veut "faire du Château de Pommard la première destination oenotouristique de Bourgogne", en s'adressant à un public plus large que les seuls oenophiles amoureux des grands vins. Les jardins sont repensés et redessinés, un Musée des vieux outils de la vigne est créé, une galerie d'art contemporain est ouverte, des oeuvres de Salvator Dali (dont Maurice Giraud est fan) prennent place dans la Cour carrée, la vente directe des vins au Château (sans commercialisation intermédiaire) est organisée, un projet d'hôtellerie est envisagé... Le Château de Pommard renait.

Année-anniversaire de la renaissance du domaine, 2014 va être marquée par dix manifestations à caractère culturel, oenologique et gastronomique. Jacky Rigaux va proposer aux visiteurs des ateliers grand-public de dégustation géo-sensorielle (associant les sensations nasales et buccales et donnant accès à d'autres registres sensoriels comme la consistance, la texture, la minéralité, la persistance en bouche), un week-end Haute couture va se tenir fin juin, les vendanges vont donner lieu en septembre à des visites guidées de la cuverie et à un repas-typique de Bourgogne (le mâchon), les Grands Ateliers de France exposeront leurs travaux. Une visite s'impose.

Château de Pommard