Hugo Desnoyer, la boucherie au coeur

(Photo: Laziz Hamani)
Son récent article dans Libération du 5 septembre 2012 a jeté "un os dans la mare de l'emploi": la boucherie française, qui offre actuellement 4.000 postes de boucher, n'arrive pas à recruter faute de candidats, rappelle Hugo Desnoyer ! L'occasion ou jamais de nous replonger dans la carrière et les humeurs de ce boucher hors normes installé dans le 14ème arrondissement de Paris et qui, devenu le "boucher des grands" n'en a pas pour autan toublier ses origines. La liste de ses modèles est parlante: Barbot, Ducasse, Gagnaire, Hermé, Kayser, Passard, Poujauran, Richaud, Georges Chaudieu ou Serge Caillaud... rien que des grands professionnels à qui les métiers de l'artisanat de bouche ont servi d'ascenseur social. Dans un petit bouquin rédigé en 2010 "au rasoir" par le critique François Simon et que l'on aurait intérêt à relire, ce fort en gueule né en Mayenne racontait déjà sa passion pour la viande, cet "univers gore, puissant, sexy et puissamment vivant", dans lequel le rapport à la viande peut se vivre comme un échange charnel et le métier de boucher s'exercer comme un art. Rendant hommage au cinéma, à la peinture et à la littérature qui ont su tirer leur chapeau devant ceux qui font profession de tuer les animaux proprement et sans haine, Desnoyer n'oubliait déjà pas de vilipender ceux qui maltraitent ce métier, le sous-estiment et lui manquent de respect. Un homme (et un livre) à la fois tendre et saignant, attachant par ses coups de coeur, ses coups de sang et ses coups de gueule.

Hugo Desnoyer Un boucher tendre et saignant, avec François Simon, Editions Assouline