Rois, reines et monarques. Qu'ont-ils fait des vins de France ?
Louis XVI au bonnet rouge
Religion, politique, diplomatie, patriotisme, balance commerciale, luxe, (présumées) vertus thérapeutiques, alcoolisme, élitisme, santé publique... Pilier du patrimoine, de la culture et du prestige national et symbole de la diversité de ses régions et de leurs terroirs, le vin est un incontournable marqueur de l'histoire de la France.
Jean-Noël Goubier, chirurgien réputé qui a tenu à acquérir, en plus de sa formation médicale, des diplômes d'oenologie (il est membre de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin en Clos de Vougeot), a choisi de raconter cette boisson emblématique à travers rois et reines, princes et princesses, monarques ou dirigeants qui ont su "découvrir, adopter, dompter leurs vins, leurs effets et le pouvoir qu'ils offrent".
Détail Le Déjeuner d’huîtres, Jean-François de Troy, 1735
Dans Le vin à la table des rois, qu'il a publié à la mi-2024 aux Editions Baudelaire, ce bouguignon d'origine retrace les étapes de l'évolution des vignobles, de la viticulture et de ce que cela dit du goût du vin et des préférences de dégustation liés à chaque époque.
Sait-on que Charlemagne, en dépit de son appétence pour le divin breuvage, avait à coeur de lutter contre l'ivresse et l'alcoolisme, fléaux déjà connus de ses prédécesseurs, que c'est Philippe Le Hardy qui en 1395 a interdit en Bourgogne le gamay et tous les cépages autres que le pinot noir ou que Louis XVI, contraint par la foule qui avait envahi les Tuileries, a du le 25 juin 1792 coiffer le bonnet phrygien et boire à la santé du peuple ?
A la fois assemblage de connaissances en œnologie et cocktail d’anecdotes historiques, ce livre fait le lien entre les habitudes de consommation de la royauté française et les vins actuels, et nous invite à découvrir (ou simplement rêver à) de belles bouteilles d'aujourd'hui. Parlant de Clovis et de ses liens les vins de Champagne (à l'époque des vins tranquilles), Jean-Noël Goubier s'attarde sur la cuvée Trop m'en faut de l'AOC Coteaux-Champenois de la Maison Drappier et s'agissant de Dagobert, fondateur d'un des grands crus de Bourgogne, il évoque le grand cru Chambertin-Clos de Bèze.
Tableau de François Gérard
Si Charlemagne revenait parmi nous, l'oenologue Goubier lui servirait un Santenay 1er cru Les Gravières de Château de Santenay. A Saint Louis, il conseillerait, dans l'AOC Saint-Pourçain blanche, la cuvée Tressaille du Domaine des Bérioles. Quant à l'Impératrice Joséphine, il irait chercher pour elle dans l'appellation Savennières (la préfèrée de la belle de Beauharnais) un flacon de la Coulée de Serrant.
Le vin à la table des rois, Jean-Noël Goubier, Editions Baudelaire